Débuter en Astrophotographie

Ecrit par :
Corentin Kimenau

Débuter

Si tu as toujours eu envie de capter la lumière de l’Univers sur tes photos, mais que tu es un peu perdu au milieu de tout ce merdier technique que représente l’astrophotographie, tu es au bon endroit. Ici on va tout reprendre depuis le début, ça va être long, mais ça sera clair. Des tutos il y en a pleins sur l’internet mondial, en français, mais surtout en anglais, ici c’est gratuit, en français, et puis tout est centralisé donc cool. Et si jamais ça n’est pas clair, tu peux m’envoyer un message via la page contact, je me ferais un plaisir de te répondre.

A – Pourquoi photographier les étoiles ?

Avant de partir dans le blabla technique, posons-nous cette question. Pourquoi capter la lumière du Cosmos ? Outre le challenge technique que cela représente, réussir à collecter une image qui a traversé le temps et l’espace pour éclater sur ton capteur, c’est sur que c’est excitant, mais ça fou surtout le vertige. Et si c’est ce vertige que tu ressens en regardant là-haut, cette impression que le grand vide t’appelle, je suis dans la tristesse de t’annoncer que tu es un passionné. Et quand on est passionné, on ne sait pas vraiment répondre à la question « pourquoi photographier les étoiles ». On a juste envie de le faire, alors on fera tout pour en être capable. Bienvenu, on va s’accompagner, apprendre et partager ensemble, parce que c’est merveilleux de partager.

1 — Apprendre à regarder à l’œil nu

La Grande Ourse (qui contient la Grande Casserole) est un peu le repère de l’hémisphère Nord. Facile à repérer, c’est la plus connue de toutes. À partir d’elle on peut trouver l’étoile Polaire (donc le Nord) et Cassiopée par exemple. Et c’est déjà très utile de savoir où est le Nord. Mais pas la peine de connaitre la carte du ciel par cœur, repérez dans un 1er temps Jupiter, qui brille d’un jaune magnifique en début d’année, Vénus qui précède toujours le Soleil et qui est méga lumineuse au petit matin, Orion et sa ceinture en hiver ou encore la Lune et ses cratères toujours impressionnants.

Vous pouvez vous aider d’une carte du ciel par exemple : carte du ciel en temps réel

Ou installer l’application : « Skyview Explore the Univers« qui est d’après moi l’application pour smartphone le plus utile en termes d’orientation nocturne.

2 — S’équiper d’un DSLR

En 2017, rares sont les personnes qui ne possèdent pas encore de DSLR, bridge ou autre hybride. Rares aussi sont ceux qui osent s’aventurer hors du sentier « automatique » de leur appareil. Nous allons voir que le mode manuel permet de décupler le potentiel de votre Apn.

Comment fonctionne une photo ?

Bon, reprenons vraiment tout depuis le début. Pour faire simple, dans l’Univers, il y a des corps qui émettent de la lumière et d’autres qui la réfléchissent. (Certains en absorbent, mais on en reparlera peut-être un jour). Le corps humain, n’émet pas de lumière, l’arbre de votre jardin non plus. Et si on peut le voir, c’est grâce à la lumière qu’il nous renvoie. Prenons l’exemple de la Lune. La Lune n’émet pas de lumière. Par contre elle réfléchit la lumière du soleil, c’est pour ça qu’on peut la voir. Une photo, c’est simplement une impression de lumière.

Tout au début de la photographie, on utilisait la méthode de la chambre noire.

C’est une boite obscure au fond de laquelle il y a une pellicule, qui réagit au rayon lumineux. Un volet à l’avant de la boite s’ouvre et se ferme pour laisser passer la lumière qui ira taper la pellicule au fond de la boite et créer une empreinte de la lumière partout où elle a frappé. Il faut ensuite développer la photo en utilisant des procédés chimiques. Clique sur le bon vieux Jamy pour qu’il t’explique en détail.

Aujourd’hui grâce au numérique, fini le développement chimique, finis le consommable (pellicule à acheter). On peut rater sa photo, la supprimer et la refaire sans perdre de temps, sans perdre d’argent. C’est beau l’évolution. Cependant, le procédé de la photographie lui n’a pas changé. Nos capteurs ont remplacé la pellicule, mais ce sont toujours des collecteurs de lumière.

Faisons un parallèle avec l’œil humain.

Le fonctionnement est semblable. Les paupières s’ouvrent et se ferment pour laissez-passer la lumière qui viendra taper sur la rétine et créer une

Image. Mais ajoutons à cela, 2 notions importantes :

  1. La pupille se dilate ou se rétracte pour filtrer la quantité de lumière tapant sur la rétine.
  2. La cornée et le cristallin concentrent les rayons lumineux vers la rétine.

En photo, pour filtrer et concentrer la lumière sur le capteur on utilise des objectifs.

  1. La pupille correspond au diaphragme.
  2. La Cornée et le Cristallin, aux différentes lentilles d’un objectif.
  3. Les paupières correspondent à l’obturateur.
  4. La rétine correspond au capteur.
Comprendre les objectifs (Cornée Cristallin)

Un objectif photo c’est un système optique qui, comme dit plus haut, concentre la lumière vers le capteur grâce à des lentilles. Il y en a de toutes les sortes, de tous les prix, et évidemment de toutes qualités.

1) La focale :

La focale, c’est en gros le potentiel de zoom de votre objectif. Plus votre focale est longue, plus vous voyez loin. Plus le chiffre de votre focale est petit, plus l’angle de votre photo sera grand.

700 mm (grande ou longue focale) | 10 min | f/7 | ISO : 3200
8 mm (petite focale) | 30 s | f/3.5 | ISO : 4000

2) L’ouverture : (équivalent de la pupille)

L’ouverture c’est le nom donné au réglage du diamètre du diaphragme. C’est un peu barbare à appréhender, mais ça va aller.
Un peu plus haut, on parlait d’œil humain, puis de pupille. Le rôle de la pupille c’est de s’ouvrir et de se fermer en conséquence de la luminosité à laquelle l’œil est exposé. Plus il y a de lumière, plus la pupille sera fermée, pour éviter de « cramer » la rétine.

En photographie, c’est le diaphragme qui joue ce rôle. On le ferme lorsqu’il y a trop de lumière, et on l’ouvre lorsqu’il y en a peu. (en pleine nuit par exemple). Et le fait de régler ainsi le diamètre du diaphragme, ça s’appelle : ‘L’ouverture “.

Cette ouverture, elle se mesure en nombre f. Et plus le nombre f est petit, plus l’ouverture est grande (plus le diaphragme est ouvert), et donc plus l’objectif est ‘lumineux’ (laisse entrer de lumière).

Source : Wikipedia

Pour ceux qui veulent vraiment tout comprendre, l’ouverture maximale se calcule en divisant le diamètre de l’objectif par la focale. Un objectif de 67 mm de diamètre, et une focale de 18 mm aura une ouverture de : 3.5.

67/18= 3,7. (des traitements de lentilles viennent descendre le chiffre à 3.5, parfois, ce chiffre est arrondi pour des raisons commerciales.)

Ce qu’il faut retenir :

  • C’est que plus le f est petit, plus l’objectif est lumineux.
  • Plus le f est grand, moins il y a de lumière qui entre dans l’appareil.

8 mm (petite focale) | 30 s | f/22 |
8 mm (petite focale) | 30 s | f/3.5 |

On aura donc tendance à privilégier des objectifs très lumineux pour faciliter nos prises de vue en basse lumière.

Mais la nuit, il n’y a pas de lumière ?

La journée en extérieur, c’est facile de prendre une photo, la lumière du soleil est réfléchie sur tous les corps du comté. La nuit par contre c’est un peu plus compliqué. Si vous avez bien compris, on privilégiera un objectif lumineux pour prendre nos photos de nuit, mais rares sont les objectifs qui permettent d’accepter autant de lumière que notre pupille, c’est pourquoi on peut agir sur un dernier réglage pour faire nos photos de nuit. Le temps d’exposition.

3) L’obturateur et le temps d’exposition :

Je récapitule. La lumière du moment que l’on veut capter rentre par l’objectif, traverse le diaphragme ouvert à son maximum (f/le plus petit possible), et vient taper le capteur. Il reste un dernier parallèle à faire. Celui de la paupière de l’œil. Et l’équivalent en photographie s’appelle l’obturateur.

C’est un volet qui est placé entre l’objectif et le capteur, qui vient bloquer ou non la lumière. (Comme un volet finalement). Là où c’est intéressant, c’est que l’on peut modifier le temps pendant lequel ce volet va être ouvert.

Imaginez un seau et un robinet. Le robinet fait couler l’eau et le seau la recueille. Plusieurs variables permettent de remplir le seau rapidement. Le diamètre du robinet et le temps pendant lequel celui-ci est allumé.

En photographie, le capteur peut prendre la place du seau, qui va collecter la lumière. L’ouverture régule le diamètre du robinet (donc le débit), et l’obturateur, gère le temps pendant lequel la lumière peut traverser l’appareil.

La taille du seau joue aussi sur la capacité à collecter de l’eau rapidement. Un gros capteur captera plus de lumière, comme un gros seau.

30 secondes f/3.5 ISO | 4000
1/25 secondes f/3.5 ISO | 4000

On constate bien qu’en restant ouvert 30 s on capte beaucoup plus de lumière qu’à 1/25 s.

Génial vous me direz. Oui, mais attention, il ne faut surtout pas bouger quand l’obturateur est ouvert.

Reprenons l’exemple du robinet : le robinet coule, et si on bouge le seau, le robinet va en foutre partout. Alors c’est simplement pour comprendre le principe hein. Si on bouge l’appareil, les rayons lumineux vont taper à un endroit différent sur le capteur, et créer une image floue.

Mais la terre tourne, et ducoup, les étoiles aussi le soir non ?

Exact. Et c’est là toute la difficulté de l’astrophotographie. On veut photographier des sujets peu lumineux. La logique voudrait qu’on reste ouvert longtemps sur eux pour capter leur lumière plus longtemps, mais ces sujets bougent…

3— La monture motorisée

C’est là que ça devient technique. On l’a dit, la terre tourne, c’est pour ça que les objets se lèvent à l’est et se couchent à l’ouest. Le meilleur moyen de comprendre ce mouvement est de faire un petit exercice.

  1. Installez-vous dans un endroit loin de la pollution lumineuse
  2. Sortez votre trépied et votre appareil
  3. Repérez la Grande Ourse (Casserole)
  4. Trouvez ensuite l’étoile Polaris
  5. Allumez votre apn et centrez votre cadre sur Polaris (50 mm fera l’affaire)
  6. Réglez l’ouverture au f le plus petit, l’obturateur à 30 s et les iso à 800 par ex
  7. Lancez et attendez
  8. Observez le résultat

On constate que toutes les étoiles ont un filé. On dirait des étoiles filantes. En réalité, ce filé symbolise le mouvement du ciel. Mais une chose retient notre attention. En effet, Polaris, au centre de l’image, ne présente pas de filé ! Et c’est normal, la terre tourne autour d’un axe qui est quasiment dans la direction de Polaris.

Ducoup, on comprend que ce mouvement adopte la même trajectoire avec la même vitesse tous les soirs. En photographie, on utilise des trépieds ‘alt-azimut’ qui peuvent panneauter horizontalement et verticalement. En astronomie, les trépieds sont construits en fonction de ce mouvement de rotation terrestre. On utilise des montures ‘équatoriales ‘. Qui ont un axe ‘d’ascension droite’ et un axe de ‘déclinaison ‘. (équivalents de la longitude et de la latitude)

En alignant la monture sur l’axe polaire, il suffira de modifier le degré de déclinaison (tourner simplement une petite molette) pour que l’appareil sur la monture suive le mouvement de la Terre.

Faisons un petit test. On place notre appareil photo sur une monture équatoriale qu’on a préalablement aligné sur l’axe polaire. On vise la lune. Et on constate logiquement que plus le temps passe, plus celle-ci va sortir du champ. En tournant simplement la molette de ‘déclinaison’, on va pouvoir rattraper son mouvement et la recentrer au milieu de notre cadre.

Ça va ? Vous voyez où je veux en venir ? Oui, maintenant il va falloir automatiser tout ça ! On ne va pas tourner la molette toutes les 2 sec non plus hein. Pour ça plusieurs choix s’offrent à vous. Soit acheter une monture équatoriale simple et y rajouter un petit moteur soit acheter l’ensemble. Tout dépendra de votre budget.

Voilà tu as toutes les cartes en main pour t’essayer à l’astrophotographie. Entraîne-toi, pose des questions et partage-nous tes photos de la Voie lactée et autres objets. Maintenant, passons à la vraie discipline : le ciel profond.

B – Photographier le ciel profond.

Là on rigole plus. Il faut de la rigueur et de la précision. Le ciel profond, c’est loin, très loin. Donc il faut zoomer beaucoup sur des objets qui sont pas forcément méga lumineux. Donc il faut rester ouvert dessus très longtemps, et plus on est zoomé sur le sujet, plus vite celui-ci sortira du cadre à cause du mouvement de la Terre. D’où la nécessité d’un suivi sidéral parfait. Mais gardez-la pêche les gars. L’Univers regorge de galaxies, de nébuleuses et de plein d’autres objets merveilleux à photographier. Réussir une photo de galaxie. C’est assez badass comme projet je vous promets.

Avant de se relancer dans les explications techniques, reposons-nous cette question : ‘Pourquoi photographier l’Univers profond ?

Parce que c’est nécessaire de bien savoir pourquoi vous faites ça. Cette discipline n’est pas une discipline comme les autres, elle demande beaucoup de temps, de l’argent et implique son lot incroyable de frustrations. Avant de me lancer là dedans j’ai passé 2 bonnes années à bosser ma capacité d’observation, à essayer de comprendre théoriquement comment tout cela fonctionnait. Mais je suis surtout habité par ce besoin d’imprimer le merveilleux pour le partager, parce qu’il est là et que si personne n’en parle, il aura juste été là, et ça ça va au-delà de l’argument, les passions ça ne se maîtrise pas. Si c’est ton cas superbe. L’essentiel n’étant pas d’investir, mais bien de s’investir. Ce serait dommage de t’offrir du matos de la mort subite et de laisser son potentiel prendre la poussière au fond du garage.

Ducoup qu’est ce qui manque à notre configuration d’astrophotographie ? Je récapitule, on a déjà :

  1. Un Appareil photo
  2. Un objectif longue focal
  3. Une monture motorisée

C’est déjà pas mal, et avec ça tu peux déjà capter pas mal de nébuleuses, et même la galaxie d’Andromède. Mais plus tu veux t’enfoncer loin dans le cosmos, plus il te faudra monter en focale… Désolé mon passionné, mais tu vas devoir y mettre le porte-monnaie. Il va falloir remplacer tes objectifs par des télescopes. Pas de panique, ça fonctionne comme des objectifs, enfin, pas tous… On va parler des télescopes pour l’observation dans un 1er temps. Histoire de ne pas précipiter les choses.

Choisir son 1er télescope :


Publié le
4/18/21

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Corentin Kimenau
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